728 x 90

Cher Chaplin, drôle de mime

Cher Chaplin, drôle de mime

Cher Charlie, Petit, je t’apercevais de mon lit. Juste là, en face de chez moi. Tes yeux de bronze perdus dans les nuages. Presque sans âge, un air de bonze. Quarante ans depuis ta disparition. A Vevey, toujours en bonne position. Une statue, mais ce n’est pas tout. Fresques et musée, tu es partout. Né Charles

Cher Charlie,

Petit, je t’apercevais de mon lit. Juste là, en face de chez moi. Tes yeux de bronze perdus dans les nuages. Presque sans âge, un air de bonze.

Quarante ans depuis ta disparition. A Vevey, toujours en bonne position. Une statue, mais ce n’est pas tout. Fresques et musée, tu es partout.

Né Charles Spencer, tu as dû suer. Dès dix ans, il faut bosser. Un parent alcoolique, l’autre cas psychiatrique. Toi fils miséreux, tu tires ton épingle du jeu.

Entre deux guerres, Mussolini et Hitler. Tu deviens idole, quand le monde s’étiole. Les figures viriles attisent le péril, tu réponds burlesque, comique et grotesque.

Tour de force d’une période féroce, tu tournes en dérision la perdition. Petit homme (1 m 65) loin de la norme, tu ne mets pas d’uniforme s’il n’est difforme.

Chapeau étroit, chaussures cinquante-trois. Pantalon qui bâille, veste de petite taille. Loin de l’archétype du mâle typique, tu moques l’époque, sans être tyrannique.

Tu te dandines comme une ballerine, dans les usines qui broient les corps. Soldat froussard, pusillanime, face à la mort tu ne fais pas le fort. Personnage gauche d’une ère de fauche, faire la coquette te rend vedette. Mazette!

Toutefois Charlie n’est qu’un personnage. Pas si poli, en dehors des tournages.

Rigolo à l’écran, mégalo dans le rang. La perfection ta névrose, chaque captation est une prose. Si ce n’est parfait, on refait. Encore une prise, l’équipe s’enlise.

Quant à ta vie privée, plutôt mouvementée. Amateur de mineures, marié à quatre femmes, tantôt harceleur, père de onze âmes. Accusé, en procès! Des succès en nombre mais aussi des zones d’ombre.

Les ennuis s’accumulent, l’Amérique t’accule. On te dit communiste, tu te vois pacifiste. Ça ne suffira pas, ils révoquent ton visa. Bye-bye California, bonjour la Riviera.

Drôle de mime a mal à l’estime. Des plus hautes cimes, tu verses dans l’abîme. Mis au ban par la critique, tu habiteras Ban, ton manoir épique.

La Lanterne magique m’a révélé tes mimiques. Des images muettes, quand naissait internet. Une révélation, pour un petit garçon. Un acteur de génie, qui ne fait pas un bruit.

Puis j’ai découvert tes nombreux travers. Comme après un concert, je suis redescendu sur terre. Tu demeures à Vevey, sur le quai Perdonnet. Monument indéniable, pas indéboulonnable.

Bien à toi,

Boris Busslinger

Posts Carousel

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *

Latest Posts

Top Authors

Most Commented

Featured Videos