Certains discours marquent un tournant historique. Celui prononcé par Mike Pompeo il y a une semaine en fera peut-être un jour partie. Le 23 juillet, le secrétaire d’Etat a signé l’acte de décès de la relation sino-américaine bâtie depuis la visite de Richard Nixon à Pékin en 1972. Et comme pour boucler la boucle, le chef
Certains discours marquent un tournant historique. Celui prononcé par Mike Pompeo il y a une semaine en fera peut-être un jour partie. Le 23 juillet, le secrétaire d’Etat a signé l’acte de décès de la relation sino-américaine bâtie depuis la visite de Richard Nixon à Pékin en 1972. Et comme pour boucler la boucle, le chef de la diplomatie a choisi pour décor la bibliothèque qui porte le nom de l’ancien président. «Si nous voulons un XXIe siècle libre, et pas le siècle chinois dont rêve Xi Jinping, l’ancien paradigme de l’engagement aveugle avec la Chine n’y parviendra pas.»
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Les signaux avant-coureurs de cette déclaration se multipliaient depuis des mois. Et s’il n’y a nul doute que Donald Trump veut faire de Pékin l’épouvantail de sa campagne, la question de fond est désormais explicitement posée, et le demeurera quel que soit le locataire du Bureau ovale. Aux Etats-Unis, la relation entre les deux premières puissances mondiales fait l’objet d’un consensus qui transcende les clivages partisans. La majorité des républicains et des démocrates voient la Chine comme un rival systémique. Deux tiers de leurs concitoyens sont du même avis. Une victoire de Joe Biden le 3 novembre ne ferait, sur ce dossier, que rappeler qu’il a été le vice-président de Barack Obama, promoteur d’un «pivot vers l’Asie» destiné à redéployer des ressources de l’Atlantique vers le Pacifique.
Cette rivalité est inévitable, et les plus pessimistes évoquent le «piège de Thucydide» – l’ascension d’Athènes face à Sparte ne pouvait que déboucher sur la guerre du Péloponnèse – en omettant l’effet cataclysmique d’un tel parallèle à notre époque. En réalité, dans un monde redevenu bipolaire, la gestion de cette rivalité n’est pas encore écrite. En consolidant leur propre démocratie et en soignant leurs alliances et leurs partenariats, les Etats-Unis disposeraient d’un atout majeur pour contenir la Chine. Chose surprenante, c’est à ce constat qu’a abouti un rapport interdépartemental publié par la Maison-Blanche il y a deux mois à peine. Sa conclusion? «Tout en étant en compétition avec la République populaire, nous accueillons la coopération là où nos intérêts s’alignent. La compétition ne doit pas conduire à la confrontation ou au conflit.»
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